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Résumé

De nombreux artistes et théoriciens, un peu partout dans le monde, travaillent sur les conséquences économiques, politiques, sociales et culturelles du passé colonial qui structure notre contemporanéité. Les études postcoloniales et décoloniales, instaurant de nouveaux réseaux de solidarités mais ouvertes aux débats, constituent ainsi un champ indispensable à la recherche et à la création. 

Abstract

Numerous artists and theorists around the world are working on the economic, political, social and cultural consequences of the colonial past that structures our contemporaneity. Postcolonial and decolonial studies, establishing new networks of solidarity but open to debate, constitute an indispensable field for research and creation.

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Après quelques années de débats touchant essentiellement le milieu universitaire, mais aussi celui des « mondes de l’art », on peut se demander où en est aujourd’hui la mouvance de pensée qualifiée, non sans ambiguïtés et quelquefois contre l’avis de ses protagonistes même, de « postcoloniale »1. La question est de savoir si celle-ci offre ou non, pour penser le présent, des éclairages pertinents et, plus spécifiquement ici, pour penser l’art actuel dans la mondialisation, alors même que le commissaire de la 56e Biennale de Venise en 2015 (« All the World’s Futures »), Okwui Enwezor, s’en réclame explicitement.

Tenter de répondre à cette interrogation suppose de disposer d’un état de l’art des postcolonial studies, par le biais des publications et d’un bref retour aux notions, outils et méthodes qui les identifient, avant d’en observer quelques résonances dans la production artistique contemporaine et les écrits qui en rendent compte. Bien entendu, le champ concerné est vaste et difficile à appréhender. Nous n’en donnerons qu’un aperçu dans le cadre français.

Nouvelles du postcolonial

Bref état des lieux des publications

En parallèle aux rééditions des travaux fondateurs d’Albert Memmi, de Frantz Fanon ou d’Edward Said, de nombreuses traductions d’ouvrages phares des postcolonial studies ont permis, depuis une vingtaine d’années, de diffuser les travaux de Homi Bhabha, Arjun Appadurai, Stuart Hall et d’autres auteurs éminents.

En 2010, paraît notamment L’Atlantique noir : modernité et double conscience, réédition de la traduction d’un ouvrage de Paul Gilroy2 initialement publié en 1993. La même année, L’Empire vous répond. Théorie et pratique des littératures postcoloniales, est traduit de la version originale publiée en 1989 par Bill Ashcroft (Université de New South Wales, Australie), Gareth Griffiths (Western Université, Australie) et Helen Tiffin (Université de Wollongong, Australie). La notice de présentation du livre annonce que la notion de postcolonialité « rend compte à la fois de l’impact déterminant des grandes colonisations européennes sur les représentations identitaires de populations d’une grande partie du monde, et des appropriations linguistiques et poétiques élaborées en riposte par les écrivains issus des anciens territoires coloniaux britanniques3 ».

D’autres ouvrages, individuels ou collectifs, ont également récemment participé à donner une réelle visibilité aux études postcoloniales, parmi lesquels figurent De la postcolonie : essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporained’Achille Mbembe (2000) ; Penser le postcolonial de Neil Lazarus (2004) ; La situation postcoloniale. Les postcolonial studies dans le débat français, sous la direction de Marie-Claude Smouts (2007), ou encore Ruptures postcoloniales. Les nouveaux visages de la société française, sous la direction de Nicolas Bancel, Françoise Bernault et Pascal Blanchard (2010). En 2013, sous le titre Postcolonial Studies : modes d’emploi, paraissent des textes réunis par le Collectif Write Back, créé en 2007 à l’École normale supérieure de Lyon. L’introduction annonce que « le “moment théorique” postcolonial comporte d’innombrables ramifications qui le relient aux problématiques du monde contemporain : anticolonialisme, culturalisme, nationalisme, féminisme, héritage poststructuraliste, multiculturalisme littéraire, mouvements de minorités, écologie, etc. », et renforce l’idée d’un champ constituant aujourd’hui une vaste constellation hétérogène d’auteurs pourtant reliés par une certaine optique : « les penseurs associés au postcolonial ont […] utilisé dans une certaine optique des sources philosophiques, politiques et littéraires diverses, que l’on songe à l’héritage de Frantz Fanon ou à celui de Michel Foucault4 ».

Alors que s’enrichissent ainsi les parutions et que des groupes de recherche universitaires sur les études postcoloniales se créent un peu partout dans le monde5, est-il encore besoin de justifier l’étude postcoloniale ? Jean-Marc Moura répond par l’affirmative dans son livre Littératures francophones et théorie postcoloniale, initialement publié en 1999 puis réédité et augmenté en 2013. Faisant référence à de nombreux auteurs, il y rappelle que le passé colonial est un fait mondial depuis le XVe siècle et la décolonisation une expérience également partagée6. S’il reconnaît, avec David Murphy, que le qualificatif « postcolonial » est « plus un principe fédérateur qu’un concept précis7 », il reste cependant convaincu, avec Patrick Corcoran, que « le postcolonialisme offre des outils et des méthodes qui servent mieux à déconstruire les formes contemporaines de l’impérialisme qui sont encore en pleine mutation de par le monde8 ».

La mauvaise réputation

Dans une publication de 2014, Jean-Marc Moura recense les griefs faits aux postcolonial studies : d’un point de vue marxiste, le privilège attribué au textuel anhistorique en négligeant la réalité des formes d’oppression9 ; l’opportunisme académique des intellectuels et leur propension à parler au nom des subalternes ; l’essentialisation de l’Occident ; une conception globalisante ne rendant pas compte des singularités ; l’échec des postcolonialismes « à rencontrer concrètement les solidarités et les luttes anti-impérialistes contemporaines10 ».

Nicolas Bancel a précédemment qualifié de « mauvaise foi intellectuelle11 » la plupart des reproches faits aux études postcoloniales, ceux que nous venons de citer et d’autres, car on les accuse aussi de favoriser des positions racialistes et ethnicistes, de faire allégeance à la theory américaine ou à la French Theory12, d’être une mode, voire un carnaval académique, ou encore de porter l’empreinte du néocolonialisme, ce dernier se manifestant quelquefois dans un exotisme postcolonial13. Le problème est que ces jugements d’autorité en restent soigneusement à des généralités, sans citer les auteurs incriminés, sans prendre précisément en compte les multiples écrits qui contrediraient leur point de vue. Or, s’il est inconcevable de ne pas procéder à une analyse critique des textes fondateurs ou récents et de ne pas mettre au jour, quand ils ne le font pas eux-mêmes, les positionnements idéologiques de leurs auteurs14, il est tout aussi indispensable, comme le fait Nicolas Bancel pour la France, de procéder de même vis-à-vis des opposants aux postcolonial studies15 et de ne pas « couper la recherche française en sciences sociales d’une des aventures de la pensée mondiale ». Comme il l’écrit, il s’agit « d’ouvrir des perspectives » en acceptant de revenir sur « les impensés et les points aveugles qui animent trop souvent le geste de souveraineté scientifique concrétisé par le rejet univoque de ce courant16 ».

C’est aussi la position de Tiphaine Samoyault, s’intéressant aux raisons des résistances de l’université française où les études postcoloniales sont « placées sous le signe d’une défiance, quand elles ne font pas l’objet d’un rejet frontal ou d’un déni », et fustigeant le ton de la critique française qui adopte « une rhétorique de la distance ironique », des positions marquées du « sceau d’une négativité révélatrice d’un conflit disciplinaire » et « des motivations critiques peu avouées ni toujours avouables17 ». Les réserves émanant du champ disciplinaire de la littérature comparée peuvent s’énoncer « en termes d’affect et de crispations identitaires », de questions de méthode, ou de réticences institutionnelles18. L’une de ces motivations est de « récuser la prétention du postcolonial à remettre en cause l’universel en tant qu’il était au fondement des empires », une autre « tient à la “croyance” en l’autonomie de la littérature […] servie par des méthodes de lecture à fort coefficient de scientificité (narratologie, rhétorique, etc.) », une troisième « tient au refoulement probable d’une mauvaise conscience française » et à la rancœur liée au « déplacement des centres de production de la pensée ». Une réconciliation viendrait, conclut-elle, d’une nouvelle manière de penser la traduction, qui « permettrait de redéfinir des ordres et de défaire des assignations19 ».

Une objection récurrente et largement partagée porte enfin sur l’ambiguïté d’un intitulé désignant à la fois un courant de pensée, dans sa dynamique et sa complexité, et une périodisation historique, « l’après » colonialisme, avec son cortège de persistances et de résurgences. Ce serait l’une des bonnes raisons de vouloir en finir avec les postcolonial studies en place desquelles il faudrait désormais privilégier les globalizations studies. Sauf à penser que ce qui manque à ces dernières est précisément ce qui fait la force des précédentes, une « certaine optique » qui en instaure la force et la cohésion malgré d’heureuses divergences, car elles n’ont rien d’un projet totalisant20. Avec David Waterman, on peut ainsi penser que les postcolonial studies sont utiles à une analyse critique de la globalisation parce qu’elles ont contribué à révéler les ambiguïtés et les dangers de notre contemporanéité, et qu’elles offrent encore la possibilité de « faire de la mondialisation une mondialisation postcoloniale21 ». Aujourd’hui en effet, comme l’écrivent les auteurs de l’introduction de Postcolonial Studies and Beyond, publié en 2005,

quelles visions d’un monde postcolonial pouvons-nous, en tant qu’humanistes, offrir à même d’interroger, peut-être même d’interrompre, les formes de la mondialisation désormais dictées par des politiciens, des stratèges militaires, des capitaines de la finance et de l’industrie, des prédicateurs fondamentalistes et des théologiens, des terroristes du corps et de l’esprit, en bref, par les maîtres de notre univers contemporain22 ?

Sous cet angle, il n’est au fond pas si difficile d’associer « ère postcoloniale » et « critique postcoloniale », à la lumière de laquelle « il s’agit d’analyser la dimension critique des textes littéraires et le rôle qu’a pu jouer la découverte des cultures autres — à travers la migration, l’exil, l’expatriation — dans le parcours de certains écrivains ou penseurs, travaillés par une double appartenance23 ». Au-delà du champ littéraire, dont sont issues les études postcoloniales, les outils qu’elles constituent sont alors pertinents pour la géopolitique, la sociologie, l’anthropologie, l’économie, l’histoire des religions et celle des idées, les études cinématographiques et l’histoire de l’art.

Nous aborderons ici, trop brièvement, quelques-uns des espaces de questionnement qu’elles ouvrent, de la critique politique de l’Empire aux problématiques de la langue et de l’espace d’énonciation, en passant par les concepts d’identité et d’hybridité.

Outils pour une pensée critique de la mondialité

Edward Said, Homi Bhabha, Stuart Hall, Gayatri Spivak ou Achille Mbembe ont en commun la volonté de déconstruire la toute-puissance de certains concepts imposés aux subalternes24, tels que ceux d’universalité, de modernité, de progrès, et bien entendu celui de mission civilisatrice attribué à la colonisation. Ils se sont attachés, d’un point de vue théorique, politique et éthique, à mettre au jour les contradictions, limites et apories de ces notions ainsi que les préjugés d’un Occident convaincu de sa suprématie idéologique, institutionnelle, économique, technologique et financière. Dans un entretien avec Jonathan Rutherford, publié en 2006 dans Multitudes sous le titre « Le Tiers-espace », Homi Bhabha déclare par exemple que « La thèse qui affirme que toutes les formes culturelles peuvent être comprises à partir d’un concept universel particulier, qu’il s’agisse de l’“être humain”, de la “classe” ou de la “race”, risque de s’avérer dangereuse et de limiter notre capacité à comprendre la manière dont les cultures construisent leurs propres systèmes de signification et d’organisation sociale25 ».

Qu’est-ce qu’un peuple ? Qu’est-ce qu’une civilisation ? Il s’agit de poursuivre les recherches sur les colonialismes et leurs reconfigurations, les spécificités des métissages culturels et leur historicité, les systèmes de représentation et d’identification, y compris dans les formes de religiosité, et leurs conséquences partout dans le monde. Aucune non-hybridité n’est possible, aucune culture n’est pure ou originelle. N’existent que des identités en permanente construction, en perpétuel mélange : « il devient clair que toutes les formes de culture sont prises dans un processus incessant d’hybridation ». L’hybridité est alors, selon Homi Bhabha, le lieu d’un tiers-espace qui « vient perturber les histoires qui le constituent et établit de nouvelles structures d’autorité, de nouvelles initiatives politiques, qui échappent au sens commun26 ».

Stuart Hall ne dit pas autre chose, ajoutant la question de l’exil à celle de l’hybridité : « L’un des termes qui sont utilisés pour caractériser les cultures diasporiques de plus en plus mélangées de ces communautés est “l’hybridité” », cette dernière étant conçue non en tant que « référence à la composition raciale mélangée d’une population », mais comme « un processus de traduction culturelle, agonistique parce que jamais achevé, mais qui repose sur son indécidabilité27 ».

La pensée de l’exil est aussi fondatrice de cette conception d’identités plurielles, et Edward Said, rapportant sa propre expérience, en fut l’un des premiers théoriciens. Par sa lecture de Freud, il conçut lui aussi, très tôt, « l’idée d’identité plurielle impliquant un perpétuel exil de soi à soi28 », l’exil, considéré comme une fatalité — car le sujet est exilé du fait même de son entrée dans le langage — et comme une chance — car il permet la conquête de l’autonomie —, devenant « la condition même de toute identité et de toute pensée29 ».

La question de l’identité se trouve ainsi reconsidérée, à l’éclairage de la conscience de la prégnance des représentations en tant qu’elles sont structurantes de la construction identitaire. Les études féministes et les gender studies y sont évidemment associées, car elles ont rompu avec toute conception essentialiste de l’identité comme avec toute hiérarchie instaurée sur l’autorité, celle du patriarcat, en l’occurrence, et ses attributs économiques, religieux et socio-culturels. De fait, écrit Jean-Marc Moura, « la critique postcoloniale rencontre les études féminines, soit parce qu’elle incite à une relecture de la littérature européenne, soit parce qu’elle insiste sur le fait que les femmes, dans nombre de sociétés, ont été reléguées dans une situation de dominées, marginalisées et en un sens colonisées. Elles partagent avec les peuples colonisés l’expérience intime de l’oppression30 ». La notion d’intersectionnalité31 s’inscrit dans cette pensée critique, selon un concept « qui entrelace le genre, la couleur et la classe, et casse les stéréotypes32 ». De l’écrivaine migrante Vénus Khoury-Ghata33, Ilaria Vitali écrit ainsi que « par ses multiples pratiques de décalage et de décentrement, elle semble d’ailleurs vouloir échapper à une sorte d’assignation à résidence, qu’elle soit géographique, sexuée ou identitaire34 ».

Ce qui permet d’en finir avec l’assignation, c’est l’agency (agentivité), puissance d’agir toujours intacte, permettant de démêler la complexité des relations coloniales et, au-delà, la complexité de toute relation de servitude. Or la langue est l’une des composantes de cette puissance d’agir et Tiphaine Samoyault rend hommage à Homi Bhabha : « C’est dans la langue [que se jouent le mieux] des bouleversements littéralement incomparables. C’est une des forces d’Homi Bhabha de faire plus que le suggérer35 ».  

Jean-Marc Moura le souligne, « la perspective postcoloniale abandonne le raisonnement essentialiste donnant le rapport langue-espace pour immuable, elle s’intéresse à la manière dont l’œuvre construit ses relations au milieu dont elle naît ». L’insistance sur l’espace d’énonciation est ainsi « une donnée fréquente de l’œuvre postcoloniale36 », s’attachant particulièrement aux « spécificités locales, géographiques et politiques des œuvres37 ». Myriam Suchet place son travail novateur sous l’égide d’une remarque d’Ajun Appadurai écrivant qu’« aucun idiome n’a encore émergé qui puisse saisir les intérêts collectifs de nombreux groupes dans des solidarités translocales, des mobilisations interfrontalières et des identités postnationales38 ». Elle annonce d’emblée vouloir « contrer l’essentialisation identitaire de “la langue” » et aider « à percevoir l’hétérogénéité constitutive des langues39 ». Si les théoriciens postcoloniaux, poursuit-elle, se sont les premiers intéressés aux formes hétérolingues, et ont pensé l’hybridité, avec Homi Bhabha, « comme un site actif de production culturelle », tout en s’essayant à la traduction non « pas à partir d’un texte de départ, mais à partir d’un substrat culturel », il s’agit à présent de s’inscrire dans des préoccupations postcoloniales tout en résistant à une traduction qui penserait « au sein d’une seule langue — le plus souvent l’anglais40 ». Les enjeux sociopolitiques soulevés par les postcolonial studies sont au cœur de ce questionnement.

Si les travaux des postcolonial studies restent en tout cela aujourd’hui pertinents au sein des études littéraires, ils le sont également pour les artistes et les théoriciens de l’art actuel41. On peut ainsi partager avec Françoise Vergès l’idée que la théorie postcoloniale cherche « à répondre aux situations de migrations massives et accélérées, de déstructuration sociale, de politiques où la brutalité et la force sont le droit, de repli identitaire et d’explosions de violences, de domination hégémonique, enfin, du discours de l’économie libérale de marché — ce discours où tout est à vendre. Elle se veut transdisciplinaire, attentive à ces nouvelles cartographies, donc à ces nouvelles formes de pouvoir et d’exploitation, mais aussi aux expressions marginales des “minorités” et aux différents modes de résistance (musique, arts plastiques, cultures urbaines42…) »

Art et Postcolonial studies : artistes, commissaires et auteurs en résonance 

Les liens entre pratiques artistiques, histoire de l’art, critique d’art et postcolonial studies ont donné lieu à de nombreux débats43 et travaux universitaires44, artistes et théoriciens affichant leur intérêt réciproque. Mounir Fatmi, qui a consacré une œuvre à Salman Rushdie (Sleep - Al Naim, 2005-2012), cite Edward Said, Stuart Hall et Homi Bhabha. Chris Ofili rend hommage à Paul Gilroy (Union Black, 200345). Yinka Shonibare compte Jacques Derrida et Edward Said dans son répertoire d’auteurs favoris46. Trinh T. Minh-ha, s’attachant à filmer avec et non sur des personnes, explique « travailler la question postcoloniale » et Renée Green, artiste théoricienne, en a beaucoup étudié les textes47. Etel Adnan fait, elle aussi, allusion à Edward Said, et Zineb Sedira explique avoir découvert les écrits de ce dernier, avec ceux de Stuart Hall et de Frantz Fanon, lors de ses études d’arts plastiques en Angleterre48.

Homi Bhabha fait régulièrement référence à l’art contemporain et très tôt ses articles sont publiés dans des revues d’art, par exemple « The Other Question » dans la revue Screen, en 1983. Il en appelle ici à Frantz Fanon pour réfléchir aux « approches théoriques concernant les notions de différence et d’Autre, vues sous l’angle de la représentation visuelle ». En 1989, dans le catalogue de l’exposition « Magiciens de la terre », est publié son premier article traduit en français. Il y évoque déjà « l’intervention d’un tiers espace qui fait naître l’ambivalence dans la structure du sens et détruit le “miroir” de représentation où le savoir culturel se révèle continuellement comme un “code évolutif”49 ». Dans The Location of Culture, en 1994, il mentionne les artistes Guillermo Gomez-Pena, Renée Green, Pepon Osorio et Alan Sekula50 et lors d’un entretien publié dans Artforum, en 1995, il cite Anish Kapoor : « lui aussi, m’a énormément aidé à réfléchir à la pliure du temps dans l’espace et vice versa. Les artistes et les écrivains ont devancé et préfiguré, pour moi, les problèmes conceptuels51 ». Depuis, il a consacré une monographie à Anish Kapoor52 et participé à de nombreuses publications, dont l’une avec Okwui Enwezor, sur Mathew Barney53, et une autre avec Salman Rushdie et Simon Baker, consacrée à l’artiste Taryn Simon54.

Stuart Hall, rendant hommage à Chris Ofili, dit « reconnaître que les langages politiques doivent puiser à des sources artistiques et culturelles plus profondes, et que, pour ce faire, il faut prêter attention à ce que nous disent les artistes55 ». Artistes et intellectuels se rencontrent en effet sur des questionnements portant sur l’exil, les identités, l’altérité, les représentations, l’ordre des discours et celui des pouvoirs, les idéologies, le genre et la mondialisation. Ils ont souvent en commun de connaître l’expérience de la migration, offrant, comme l’écrit Homi Bhabha, « un lieu d’où parler en tant que la minorité, l’exilé, le marginal et l’émergent56 ».

En conclusion à cet article, je retiendrai tout particulièrement ici l’attachement d’Okwui Enwezor aux études postcoloniales. New-Yorkais originaire du Nigeria, commissaire de grandes expositions, notamment la Documenta 11 de Cassel en 2002 et la Triennale de Paris en 2012, écrivain, critique d’art, enseignant, fondateur de la revue Nka: Journal of Contemporary African Art, il s’intéresse à la production artistique contemporaine sous un angle géopolitique, poétique, esthétique et anthropologique, en connivence avec les conceptions d’Alfred Gell.

Actuellement, dans le cadre de l’exposition internationale de la 56e Biennale d’art contemporain de Venise, dont il est le directeur artistique, il entend rendre compte d’un chaos mondial, mais aussi d’un futur « possible » et, si la dimension poétique y est très importante, la fonction critique de l’art y est fortement affirmée. Dans un entretien avec Massimiliano Gioni57, directeur artistique de la précédente édition, il explique pourquoi la Biennale de 1974 fut pour lui une référence majeure lorsqu’il concevait celle de 2015 : un an après la prise de pouvoir par le général Pinochet au Chili, l’édition fut consacrée à ce pays, sous un angle explicitement critique, revendiquant l’alliance du politique et de l’artistique.

En 2003, lors d’un entretien, il évoque la « constellation postcoloniale » de l’art en tant que « lieu de l’expansion de la définition de ce qui constitue la culture contemporaine et ses affiliations dans d’autres domaines de pratique, l’intersection de forces historiques alignées contre les impératifs hégémoniques d’un discours impérial58 ». Il explique alors vouloir participer à l’écriture d’une histoire des œuvres produites par les « minorités africaines, asiatiques, latino-américaines, chicanos, les peuples des premières Nations, les femmes, les homosexuels », allant dans le sens de nouveaux modes de dispersion du pouvoir entre « artistes, commissaires d’exposition, critiques et historiens, musées et institutions culturelles ». En effet, poursuit-il, « les changements induits dans le domaine de l’art contemporain par les politiciens et les poètes postcoloniaux (notamment les changements dans la pratique de l’exposition et l’histoire de l’art, dans les conditions de production, les transformations dans les contextes de réception et d’échange tels que les musées et les marchés de l’art) reflètent les réalignements géopolitiques qui ont défini le monde de la mondialisation59 ».

Selon lui, « la théorie postcoloniale est un outil indispensable à l’examen et à la mesure de l’état de l’art et de la culture contemporains60 », comme en atteste sa conception de la Triennale 2012, installée au Palais de Tokyo et dans sept autres espaces, à Paris et dans sa proche banlieue. L’objectif était de proposer un état des lieux de l’art contemporain en conviant plus de cent-vingt participants internationaux, parmi lesquels figuraient non seulement des artistes, mais aussi des théoriciens, anthropologues, écrivains ou cinéastes, dont les œuvres et les documents se trouvaient ainsi mis en écho. Le projet Intense Proximité entendait situer chaque proposition dans un contexte historique et géographique spécifique, tout en suggérant l’idée d’un maelström d’idées et de créations artistiques en connexion. Artistes et chercheurs ont été appelés à proposer leur vision singulière de questions aujourd’hui au débat : relations de l’art et de la politique, phénomènes d’échanges et de globalisation, guerres, colonisation et décolonisation, histoire, actualité, image de l’Autre, concepts occidentaux et non occidentaux de nature, d’identité… Les conséquences économiques, politiques, sociales et culturelles du passé colonial, en tant que réalité planétaire, structurant la contemporanéité, y occupaient, bien entendu, une place centrale.

Septembre 2014

 

Notes

1

Pour une actualisation de la question, voir : Evelyne Toussaint (dir.), Postcolonial/décolonial. La preuve par l’art, Toulouse, PUM, 2021.

2

Paul Gilroy, The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1993, L’Atlantique noir: modernité et double conscience, Paris, Éditions Amsterdam, 2004 ; There Ain’t no Black in the Union Jack: the Cultural Politics of Race and Nation, Chicago, University of Chicago Press, 1987 ; Postcolonial Melancholia, New York, Columbia University Press, 2004.

3

Bill Ashcroft, Gareth Griffiths & Helen Tiff, The Empire Writes Back. Theory and Practice in Post-Colonial Literatures, Londres, Routledge, 1987. Le titre est emprunté à un article de Salman Rushdie, « The Empire writes back with a vengeance », The Times, 3 July 1982, p. 8. Traduction française : L’Empire vous répond. Théorie et pratique des littératures post-coloniales, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2012. Tous trois ont aussi conjointement publié, en 1995, The Post-Colonial Studies Reader, Routledge, 1996, et, Post-Colonial Studies. The Key Concepts, 1998.

4

Collectif Write Back, Postcolonial studies : modes d’emploi, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2013, p. 6.

5

Par exemple : Society for Francophone Postcolonial Studies, créée en Grande-Bretagne en 2002, http://www.reseau-asie.com/media3/seminaire-postcolonial-litteratures-inde-ens/seminaire-postcolonial-litteratures-inde-ens/seminaire-postcolonial-litteratures-inde-ens/ ;http://colonialcorpus.hypotheses.org/2112 ; http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2013/ue/1031/. Parmi les publications : Claire Joubert, dir., Le postcolonial comparé, anglophonie, francophonie, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 2014.

6

Jean-Marc Moura, Littératures francophones et théorie postcoloniale, 1999, Paris, PUF, 2013, p. 2, p. 3, p. 21.

7

bid., p. 3. David Murphy, « À la recherche d’une littérature francophone et postcoloniale : réflexions sur les enjeux de la comparaison », Francophone Postcolonial Studies, 4.2, 2006, p. 37.

8

Moura, op. cit., p. 4. Patrick Corcoran, « Le postcolonialisme, la francophonie et le fait littéraire », Francophone Postcolonial Studies, 4.2, 2006, p. 58-70.

9

Voir aussi : Jean-Marc Moura, « De la critique et des lettres postcoloniales dans l’aire euro-méditerranéenne », op. cit., p. 187 et Vasant Kaiwar, L’orient postcolonial. Sur la « provincialisation » de l’Europe et la théorie postcoloniale, Paris, Syllepse, 2013, critique de deux ouvrages de référence : Provincialiser l’Europe de Dipesh Chakrabarty et Dominance without Hegemony de Ranajit Guha.

10

Voir : Jean-Marc Moura, dir., Espace méditerranéen. Écritures de l’exil, migrances et discours postcolonial, op. cit., p. 188.

11

Nicolas Bancel, « Un malentendu postcolonial ? Réception et débats dans le champ académique français autour des postcolonial studies », in Collectif Write Back, Postcolonial studies: modes d’emploi, op. cit., p. 33.

12

Les auteurs font en effet largement référence à Barthes, Gramsci, Foucault, Derrida — dont Edward Said s’éloignait explicitement —, Adorno Lyotard, Deleuze et Guattari, Lacan.

13

Graham Huggan, The Postcolonial Exotic. Marketing the Marges, Londres, Routledge, 2001. Graham Huggan dénonce « l’exotisme postcolonial » des romans de Salman Rushdie ou de V. S. Naipaul, et il affirme que « la littérature postcoloniale brouille la frontière entre résistance et connivence ». Benita Parry, Postcolonial Studies: A Materialist Critique, Londres, Routledge, 2004.

14

Voir : Jean-Marc Moura, dir., Espace méditerranéen. Écritures de l’exil, migrances et discours postcolonial, op. cit., p. 187-190.

15

Parmi les ardents détracteurs : Jean-Loup Amselle, Kwame Anthony Appiah, Jean-François Bayart, Arif Dirlik.

16

Nicolas Bancel, « Un malentendu postcolonial ? Réception et débats dans le champ académique français autour des postcolonial studies », op. cit., p. 62-63.

17

Tiphaine Samoyault, Les réticences françaises à l’égard des études postcoloniales », in Catherine Coquio, dir., Retours du colonial ? Disculpation et réhabilitation de l’histoire coloniale, Nantes, L'Atalante, 2008, p. 292-294.

18

Ibid., p. 289.

19

Ibid, p. 296-297.

20

Gayatri Spivak, (Can the Subaltern Speak?, 1988) a élaboré une critique des postcolonial studies : A critic of Postcolnial Reason. Toward a History of the Vanishing Present, Cambridge, MA, Harvard University Press, 1999. Elle propose, par exemple, l’emploi du terme « postcolonialité » en place de « postcolonialisme » afin de maquer non l’historicité, mais la persistance concrète du colonialisme. Elle est elle-même revenue sur son concept d’« essentialisme stratégique » par crainte de sa « récupération » essentialiste.

21

David Waterman, « Globalisation and the ‘unfinished business’ of postcolonial studies », 2007, in Micéala Symington, Joanny Moulin & Jean Bessière, dir., Actualité et inactualité de la notion de « postcolonial », Paris, Honoré Champion, 2013, p. 133-146, p. 142.

22

« What visions of a postcolonial world can we as humanists offer that will interrogate, perhaps even interrupt, the forms of globalization now dictated by politicians, military strategists, captains of finance and industry, fundamentalist preachers and theologians, terrorists of the body and the spirit, in short, by the masters of our contemporary universe? » (Ania Loomba, Suvir Kaul, Matti Bunzl, Antoinette Burton & Jed Esty, dir., Postcolonial Studies and Beyond, Durham, Duke University Press, 2005, p. 1-38, p. 13). Ma traduction. Cités par David Waterman, op. cit., p. 134.

23

Vassiliki Lalagianni & Jean-Marc Moura, dir., Espace méditerranéen. Écritures de l’exil, migrances et discours postcolonial, Amsterdam, Rodopi, 2014, p. 8.

24

Comme le rappelle Alessandro Corio : « La catégorie de subalterne a été introduite dans les études postcoloniales par le South Asian Subaltern Studies Group, un collectif d’historiens indiens créé au début des années 1980 et dirigé pendant vingt ans par Ranajit Guha. Le groupe indien reprit directement le terme de la réflexion du philosophe et politicien italien Antonio Gramsci […] ». Alessandro Corio, « Subalternité et représentation aux Antilles. Le devenir-subalterne de Marie Celat », in Collectif Write Back, Postcolonial studies: modes d’emploi, op. cit., p. 314-315.

25

Homi Bhabha, Le Tiers espace. Entretien avec Jonathan Rutheford, Multitudes 26, 2006, <http://www.multitudes.net/Le-Tiers-espace-Entretien-avec/>, trad. Christophe Degoutin & Jérôme Vidal, consulté le 03/04/2015.

26

Ibid.

27

Stuart Hall, Identités et cultures. Politiques des Cultural Studies, dir. Maxime Cervulle, Paris, Éditions Amsterdam, 2007, p. 311-312.

28

Guillaume Bridet, « Les trois Said », in Collectif Write Back, op. cit., p. 127.

29

Ibid., p. 128.

30

Jean-Marc Moura, Littératures francophones et théorie postcoloniale, op. cit., p. 160. Reina Lewis & Sara Mills, dir., Feminist Postcolonial Theory: A Reader, Edinburgh, Edinburgh University Press, 2003.

31

Pour sortir de la dialectique englobante imposition/opposition, Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo s’intéresse à la lecture des œuvres (par exemple Le Sari vert d’Ananda Devi, 2009) « à la lumière des gender, queer et postcolonial studies et de notions comme l’intersectionnalité (Crenshaw), la performativité des catégories et du genre (Butler), l’essentialisme stratégique (Spivak) ». Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo, « Essentialisme stratégique ? Lectures postcoloniales et créolistion à travers Le Sari vert d’Ananda Devi (2009) », in Collectif Write Back, op. cit., p. 380.

32

Magdelaine-Andrianjafitrimo, op. cit., p. 386.

33

Auteure de La Maison aux orties, Paris, Actes Sud, 2006.

34

Ilaria Vitali, « De l’errance géographique au nomadisme littéraire : le cas de Vénus Khoury-Ghata », in Lalagianni et al., dir., Espace méditerranéen, op. cit., p. 62.

35

Tiphaine Samoyault, Revue internationale des livres et des idées, 14, 2009. Tiphaine Samoyault, « Traduire pour ne pas comparer », Acta fabula, 11.1 ; « Autour de l’œuvre de Homi K. Bhabha », 2010, URL : <http://www.fabula.org/revue/document5450.php>, consulté le 06/04/2015.

36

Moura, op. cit., p. 137-139.

37

Ibid., p. 159. On peut aussi constater, avec Claire Ducournau et Cyril Vettorato, qu’« une vague récente de la recherche postcoloniale […] explore davantage les conditions socioéconomiques de production, de circulation et de réception des textes littéraires et critiques ». (« Circulation transnationale, usages et détournements des concepts postcoloniaux », in Collectif Write Back, op. cit., p. 178).

38

Arjun Appadurai, Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation, trad. de l’anglais par Françoise Bouillot, Paris, Payot, 2005, p. 241.

39

Myriam Suchet, L’Imaginaire hétérolingue. Ce que nous apprennent les textes à la croisée des langues, Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 13-14, p. 16, p. 18. Elle s’intéresse à plusieurs écrits, notamment Sozaboy de Ken Saro-Wiwa ou Juan sin Tierra, de Juan Goytisolo et à des auteurs comme Paul Celan ou Marcel Proust. Elle a précédemment publié Outils pour une traduction postcoloniale, Paris, Archives Contemporaines, 2009.

40

Ibid, p. 26.

41

Voir Kathleen Gyssels, « Du Black Atlantic de Paul Gilroy à La Cohée du Lamentin d’Édouard Glissant. Migration d’un concept et retour sur la pensée glissantienne (intertextes impensés et incréés) », in Collectif Write Back, op. cit.

42

Françoise Vergès, « Postcolonialité : retour sur une “théorie” », in Catherine Coquio, dir., op. cit., p. 281.

43

Ainsi de la journée « Les Postcolonial studies en débat », organisée dans le cadre d’un colloque à l’initiative du Centre Georges Pompidou, en association avec le musée du Quai Branly, les 15 et 16 juin 2005, à l’occasion de l’exposition « Africa Remix. L’art contemporain d’un continent ». L’objectif était « d’éclairer les débats esthétiques à la lumière des questions contemporaines, politiques et intellectuelles telles qu’elles se posent en Afrique et dans le monde », qu’il s’agisse de questions identitaires, de leurs représentations et de leur place, ou bien d’hégémonie et de domination, de multiculturalisme et d’hybridité, ou encore de la place de la création artistique dans le domaine géopolitique. Pour une analyse détaillée, je me permets de renvoyer à Evelyne Toussaint, Africa Remix. Une exposition en questions, Bruxelles, La Lettre volée, 2013.

44

Voir par exemple Elvan Zabunyan, « Histoire de l’art, pratiques artistiques contemporaines et théories postcoloniales : une perspective possible », 20e/21e siècles, Cahiers du Centre Pierre Francastel, numéro spécial, dir. Richard Leeman, 5-6, 2007, p. 217-228. ; « Repenser les cultural Studies et les théories postcoloniales dans leur version française », Critique d’art, 30, 2007, <https://journals.openedition.org/critiquedart/994>. Je reprends ici certains éléments d’un autre article : Evelyne Toussaint, « Postcolonial studies et esthétique », in Khalid Zekri & Anouar Ouyachchi, dir., Études postcoloniales. Théorie, Littérature, Art, Meknès, Université Moulay Ismail, 2011, p. 69-82.

45

Okwui Enwezor, « Le placement ou au “mauvais endroit” : l’art contemporain et la condition postcoloniale », in Stéphanie Moisdon & Hans Ulrich Obrist, op. cit., p. 220-221.

46

« [Au] Goldsmiths, “Il y avait aussi Edward Said et la théorie postcoloniale, nous lisions tous Orientalisme. […] Tout ceci faisait partie de l’éducation à partir de laquelle mon travail s’est développé”. Yinca Shonibare cité par Elvan Zabunyan, “Histoire de l’art, pratiques artistiques contemporaines et théories postcoloniales : une perspective possible”, op. cit., p. 225.

47

Ibid, p. 222.

48

Entretien de Zineb Sedira avec Evelyne Toussaint, 20 et 21 juin 2007.

49

Homi Bhabha, « Hybridité, hétérogénéité et culture contemporaine », in Jean-Hubert Martin, dir., Magiciens de la terre, Paris : Centre Georges Pompidou, 1989, p. 25.

50

Homi Bhabha, The Location of Culture, Londres, Routledge, 1994, Les lieux de la culture. Une théorie postcoloniale, trad. Françoise Bouillot, Paris, Payot, 2007, p. 37-39.

51

Homi Bhabha « Translator translated (Interview with cultural theorist Homi Bhabha) by W. J. T. Mitchell », in Artforum, 33.7, 1995, p. 80-84, ma traduction,
<http://prelectur.stanford.edu/lecturers/bhabha/interview.html>. Homi Bhabha a notamment publié un article dans un catalogue d’exposition : « Anish Kapoor : Making Emptiness », in Anish Kapoor, Homi K Bhabha, Pier Luigi Tazzi & Hayward Gallery, Anish Kapoor, Berkeley, University of California Press, 1998, p. 11-41. Bhabha y réfléchit au travail de l’artiste sur le vide en faisant notamment référence à Jacques Lacan.

52

Homi Bhabha, Anish Kapoor, Paris, Flammarion, 2011.

53

Homi Bhabha & Okwui Enwezor, Matthew Barney: River of Fundament, New York, Skira Rizzoli, 2014.

54

Homi Bhabha, et al., Rear Views, a Star-Forming Nebula, and the Department of Foreign Propaganda: The Works of Taryn Simon, Londres, Tate Publishing, 2015.

55

Stuart Hall, « Entretien avec Stuart Hall par Mark Alizart », in Mark Alizart, Stuart Hall, Éric Macé & Éric Maigret, Stuart Hall, op. cit., p. 89-90.

56

Homi Bhabha, Les lieux de la culture. Une théorie postcoloniale, op. cit., p. 237.

57

Okwui Enwezor, « All the World’s Futures, Entretien avec Massimiliano Gioni », in Art Press, 422, 2015, 2e cahier, p. 7.

58

Okwui Enwezor, « The Postcolonial Constellation. Contemporary Art in a State of Permanent Transition », in Gilane Tawadros & Sarah Campbell, dir., Fault Lines. Contemporary African Art and Shifting Landscapes, Londres, Iniva, 2003, p. 65-79. Cité par Catherine Grenier et Sophie Orlando, Art et mondialisation. Anthologie de textes de 1950 à nos jours, Paris, Centre Pompidou, 2013, p. 199.

59

Okwui Enwezor, « Le placement ou au “mauvais endroit” : l’art contemporain et la condition postcoloniale », in Stéphanie Moisdon & Hans Ulrich Obrist, L’histoire d’une décennie qui n’est pas encore nommée, 9e biennale d’art contemporain de Lyon, Paris, Les Presses du réel, 2007, p. 216.

60

Ibid, p. 213.

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